Apollon, à peine né sur l'îlot de Délos, part sur les routes pour trouver un lieu ou fonder son culte.
Après avoir été berné par la muse Telphousa qui cherche à l'écarter de son sanctuaire en Béotie, il prend le chemin du Parnasse pour y batir un temple. Il commence par tuer le monstre femelle qui gardait l'endroit. Le monstre pourrit, donnant son nom au lieu : Pythô.
Il détourne un groupe de navigateurs crétois pour qu'ils instaurent son culte en cet endroit.
L'Hymne homérique à Apollon : récit détaillé du voyage du dieu de Délos, son lieu de naissance, jusqu’à Delphes ...
Plusieurs variantes, contradictoires, coexistent sur la façon dont Apollon s'empara de l'oracle.
Certaines en donnent une version violente, d'autres laissent entendre que Thémis, à qui Gâ avait confié l'oracle, transmit paisiblement la propriété à Apollon.
Ces mythes sont à l'image du dieu, qui a une réputation a priori pacifique (civilisateur, constructeur, protecteur des troupeaux, musicien, etc.), mais dont une face mois connue est violente, sanguinaire ("l'Apollon au couteau"), et fut pour cette raison le dieu consulté par les meurtriers.
(écouter Marcel Détienne : Apollon, le bel assassin de Delphes)
En tout état de cause, Apollon a délogé une déesse qui régnait auparavant sur l'oracle. Gâ, Athéna, Déméter, Artémis étaient toujours vénérées à Delphes, mais, à part Gâ, ces déesses furent mises à distance de l'Apollonion, autour du temple, réservé au dieu principal.
DELPHES
nombril du monde grec
DELPHI
navel of the Greek World
Le stade
Vue axonométrique du stade
dans son dernier état (romain).
P. Aupert et O. Callot
On ignore ou se trouvaient les premières installations destinées aux compétitions sportives liées aux Pythia, jeux panhelléniques créés au VIe s. av. J-C., inspirés de ceux d'Olympie.
Les épreuves incluant des chevaux avaient lieu dans un hippodrome, qui n'a pas été retrouvé, mais dont on a proposé un emplacement dans la plaine d'oliviers en contrebas du site.
Il semble que la réalisation du premier stade à son emplacement actuel, sous la falaise des Phédriades, date du IVe siècle.
L'état actuel, en pierre du Parnasse, résulte d'un don d'un richissime mécène athénien, Hérode Atticus (milieu du IIe s. ap. J.-C.), le même qui offrit le stade panathénaïque d’Athènes. Pausanias évoque une construction en marbre, mais sur ce point il se trompe. Malgré sa richesse, Hérode Atticus n'aurait sans doute pas pu réaliser ce stade en marbre, vu la distance entre les carrières et Delphes. Pour cette raison, le marbre a toujours été utilisé en quantité limitée à Delphes.
Le stade, d'une capacité de 6500 spectateurs, est particulièrement bien conservé, malgré la menace que font peser les chutes régulières de rochers.
Seule la partie des gradins située au sud
et retenue par un grand mur polygonal,
a souffert et de nombreux blocs
de gradins gisent sur la pente,
sous le stade.
Avant même les fouilles, une partie des vestiges
du stade étaient visibles. En réalisant cette vue en 1843, l'architecte lyonnais Antoine-Marie Chenavard pensait représenter l'hippodrome, qui se trouvait en réalité dans la plaine située en contrebas de Delphes.
Sur cette belle photo prise juste après les fouilles, on peut voir au premier plan les vestiges d'un monument triomphal, et le stade se terminant au fond par un demi-cercle (sphendoné) garni également de gradins.
L'environnement est encore rude, les arbres ayant été planté en 1937.
Vue ancienne du stade, vers l'Ouest
La proédrie, tribune d'honneur des officiels, située vers le milieu de la piste, décalée vers l'Ouest (ligne d'arrivée).
La piste faisait un stade de longueur, c'est-a-dire six cents pieds. Avec un pied romain de 29,6 cm, cela correspond à 177 m environ.
Les épreuves consistaient à parcourir cette distance* nu, et dans certains cas - la course d'hoplites - en portant des armes.
* mais aussi la distance double, diaulos, ce qui explique la présence d'une ligne de départ à chaque extrémité, qui permet de terminer la course toujours du même côté.
L'arc monumental Est
Ce grand monument qui fermait le stade à l'Est présentait trois arcs entre lesquels des niches étaient prévues pour abriter des statues qui n'ont pas été retrouvées.
Le monument, dont de nombreux blocs sont conservés, pourrait faire l'objet d'une reconstruction.
Élévation restituée de l'arc triomphal Est.
P. Aupert et O. Callot
Le mur de soutènement Sud et l'inscription de la Loi sacrée
Gravée sur le mur de soutènement qui retenait les gradins du côté sud stade se trouve une inscription dite "Loi sacrée du stade", gravée en lettres archaïques.
La présence d'une inscription aussi ancienne sur un mur censé être beaucoup plus récent pose problème aux archéologues.
Cette loi interdit de transporter hors du stade le vin destiné aux libations pour les sacrifices effectués dans le stade.
Renaissance du stade : les Fêtes pythiques de 1927 et 1930
En 1927 et 1930, durant les Fêtes pythiques organisées par le poète Angelos Sikélianos (1884-1951) et son épouse Eva Palmer, le stade servit à nouveau pour des épreuves gymniques. La célèbre photographe Nelly (aka Elli Sougioultzóglou-Seraidari) couvrit l'événement.
Aliki Diplakarou (Miss Europe 1930) personnifiant Athéna au deuxième festival de Delphes, mai 1930.
Des inscriptions nous apprennent qu'à l'époque romaine impériale, des épreuves étaient réservées aux athlètes femmes.
Ci-dessous les deux lignes de départ Ouest et Est, avec les rainures pour les pieds et les encastrements pour les poteaux délimitant les couloirs et permettant également aux coureurs d'effectuer un demi-tour abrupt à mi-chemin de la course double.