Apollon, à peine né sur l'îlot de Délos, part sur les routes pour trouver un lieu ou fonder son culte.
Après avoir été berné par la muse Telphousa qui cherche à l'écarter de son sanctuaire en Béotie, il prend le chemin du Parnasse pour y batir un temple. Il commence par tuer le monstre femelle qui gardait l'endroit. Le monstre pourrit, donnant son nom au lieu : Pythô.
Il détourne un groupe de navigateurs crétois pour qu'ils instaurent son culte en cet endroit.
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L'Hymne homérique à Apollon : récit détaillé du voyage du dieu de Délos, son lieu de naissance, jusqu’à Delphes ...
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Plusieurs variantes, contradictoires, coexistent sur la façon dont Apollon s'empara de l'oracle.
Certaines en donnent une version violente, d'autres laissent entendre que Thémis, à qui Gâ avait confié l'oracle, transmit paisiblement la propriété à Apollon.
Ces mythes sont à l'image du dieu, qui a une réputation a priori pacifique (civilisateur, constructeur, protecteur des troupeaux, musicien, etc.), mais dont une face mois connue est violente, sanguinaire ("l'Apollon au couteau"), et fut pour cette raison le dieu consulté par les meurtriers.
(écouter Marcel Détienne : Apollon, le bel assassin de Delphes)
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En tout état de cause, Apollon a délogé une déesse qui régnait auparavant sur l'oracle. Gâ, Athéna, Déméter, Artémis étaient toujours vénérées à Delphes, mais, à part Gâ, ces déesses furent mises à distance de l'Apollonion, autour du temple, réservé au dieu principal.
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DELPHES
nombril du monde grec
DELPHI
navel of the Greek World
Pilier des Rhodiens
SD 406
Au moment où s’achèvent les travaux de reconstruction du temple, c’est-à-dire vers 330 av. J.-C., une terrasse, plus élevée, est construite le long du mur de péribole Est, afin d’accueillir de nouvelles offrandes.
C’est à ce moment-là qu’est érigé un pilier quadrangulaire élevé (le premier de la série, à Delphes) qui supporte une représentation du char d’Hélios surgissant de la mer ("lever du soleil"), tourné à la fois vers l’ouest et vers la statue d'Apollon qui domine le fronton.
L’occasion de cette consécration pourrait être la "libération" de Rhodes, à la mort d’Alexandre (-323), lorsque les Rhodiens expulsent la garnison macédonienne et retrouvent leur autonomie, mais le monument pourrait dater des années antérieures, où Rhodes est sous domination macédonnienne.
La grande quantité de blocs conservés garantit l’exactitude de la restitution proposée ici.
Du groupe sculpté ne subsistent plus qu’une pierre avec vagues (et trace d’un dauphin bondissant) et une pierre rouge qui portait le char en pierre conduit par le dieu Hélios. Il se pourrait que ce groupe en pierre ait été une réplique d’un original du sculpteur Lysippe (en bronze) érigé à Rhodes et signalé par Pline comme son chef d’œuvre.
Plusieurs représentations contemporaines permettent d’avoir une idée assez précise de l’allure de ce monument exceptionnel.
La dédicace, gravée deux fois, est laconique : "Le peuple des Rhodiens à Apollon Pythien".
Une représentation contemporaine du monument : plat apulien conservé au Louvre et montrant les quatre chevaux jaillissant des vagues, avec un dauphin bondissant.
Cette représentation sera reprise de très nombreuses fois durant l’époque hellénistique
(ci-dessous : métope d'Ilion)
Le thème du lever du soleil (incarné par Hélios ou Apollon) aura également beaucoup de succès dans la peinture à partir de la Renaissance
Guido Reni - L'Aurore (1614)