Apollon, à peine né sur l'îlot de Délos, part sur les routes pour trouver un lieu ou fonder son culte.
Après avoir été berné par la muse Telphousa qui cherche à l'écarter de son sanctuaire en Béotie, il prend le chemin du Parnasse pour y batir un temple. Il commence par tuer le monstre femelle qui gardait l'endroit. Le monstre pourrit, donnant son nom au lieu : Pythô.
Il détourne un groupe de navigateurs crétois pour qu'ils instaurent son culte en cet endroit.
​
L'Hymne homérique à Apollon : récit détaillé du voyage du dieu de Délos, son lieu de naissance, jusqu’à Delphes ...
​
Plusieurs variantes, contradictoires, coexistent sur la façon dont Apollon s'empara de l'oracle.
Certaines en donnent une version violente, d'autres laissent entendre que Thémis, à qui Gâ avait confié l'oracle, transmit paisiblement la propriété à Apollon.
Ces mythes sont à l'image du dieu, qui a une réputation a priori pacifique (civilisateur, constructeur, protecteur des troupeaux, musicien, etc.), mais dont une face mois connue est violente, sanguinaire ("l'Apollon au couteau"), et fut pour cette raison le dieu consulté par les meurtriers.
(écouter Marcel Détienne : Apollon, le bel assassin de Delphes)
​
En tout état de cause, Apollon a délogé une déesse qui régnait auparavant sur l'oracle. Gâ, Athéna, Déméter, Artémis étaient toujours vénérées à Delphes, mais, à part Gâ, ces déesses furent mises à distance de l'Apollonion, autour du temple, réservé au dieu principal.
​
DELPHES
nombril du monde grec
DELPHI
navel of the Greek World
Synedrion
(siège du Conseil amphictionique)
SD 43
Longtemps interprété comme un second temple d'Athéna construit au IVe siècle (parce qu'on lisait la description de Pausanias dans le sens inverse), cet édifice exceptionnel est construit avec la pierre la plus dure et difficile, un calcaire extrait des carrières de Saint-Elie, utilisées seulement au IVe siècle.
Il a donc été publié sous l'appellation de "temple en calcaire", pour le différencier des autres bâtiments, construits en marbre ou en tuf.
Son plan, qui paraissait étrange avec sa triple baie et les colonnes limitées à un vestibule, rappelle celui d'autres édifices de réunion construits à la même époque (Hieron de Samothrace).
Mais, surtout, les demi-colonnes appuyées sur des pilastres de la façade intérieure sont une caractéristique de l'architecture macédonienne telle qu'on peut la voir dans les palais d'Aigai ou Pella. La connexion entre l'investiture de Philippe II dans l'amphictionie en 356 et l'architecture de l'édifice prend ainsi son sens.
Grâce à une nouvelle restitution de la colonnade du temple principal, on constate que la façade du synedrion est une réplique, à échelle réduite, de la façade du nouveau temple oraculaire dont le chantier, après avoir connu des vicissitudes, s'achève vers 330, et qui était sous la responsabilité des membres du conseil amphictionique.
Une datation dans les années qui suivent cette entrée fracassante de la Macédoine dans l'histoire grecque permet enfin d'établir un témoin, avec la rotonde de marbre voisine, de ce tournant historique, qui ne durera pas très longtemps puisque les Macédoniens, contre lesquels les Grecs du continent se révoltent à la mort d'Alexandre, verront leur pouvoir perdurer essentiellement en Orient.