Apollon, à peine né sur l'îlot de Délos, part sur les routes pour trouver un lieu ou fonder son culte.
Après avoir été berné par la muse Telphousa qui cherche à l'écarter de son sanctuaire en Béotie, il prend le chemin du Parnasse pour y batir un temple. Il commence par tuer le monstre femelle qui gardait l'endroit. Le monstre pourrit, donnant son nom au lieu : Pythô.
Il détourne un groupe de navigateurs crétois pour qu'ils instaurent son culte en cet endroit.
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L'Hymne homérique à Apollon : récit détaillé du voyage du dieu de Délos, son lieu de naissance, jusqu’à Delphes ...
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Plusieurs variantes, contradictoires, coexistent sur la façon dont Apollon s'empara de l'oracle.
Certaines en donnent une version violente, d'autres laissent entendre que Thémis, à qui Gâ avait confié l'oracle, transmit paisiblement la propriété à Apollon.
Ces mythes sont à l'image du dieu, qui a une réputation a priori pacifique (civilisateur, constructeur, protecteur des troupeaux, musicien, etc.), mais dont une face mois connue est violente, sanguinaire ("l'Apollon au couteau"), et fut pour cette raison le dieu consulté par les meurtriers.
(écouter Marcel Détienne : Apollon, le bel assassin de Delphes)
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En tout état de cause, Apollon a délogé une déesse qui régnait auparavant sur l'oracle. Gâ, Athéna, Déméter, Artémis étaient toujours vénérées à Delphes, mais, à part Gâ, ces déesses furent mises à distance de l'Apollonion, autour du temple, réservé au dieu principal.
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DELPHES
nombril du monde grec
DELPHI
navel of the Greek World
Base d'Aegos-Potamos
dite "base de Lysandre"
SD 109
La base spartiate commémorait la destruction de la flotte athénienne à Aegos-Potamos (presqu’île des Dardanelles) par l’armée commandée par Lysandre en 404 av. J.-C.
En façade Lysandre était représenté couronné par Poséidon, entouré d'autres dieux (Apollon, Artémis), de son pilote et des Dioscures, dont les étoiles l’avaient guidé avant la bataille.
Sur les trois autres côtés figuraient une trentaine de "navarques", chefs de la flotte de Sparte et ses alliés. Placée à l’entrée principale des pèlerins venant de l’Est, cette base monumentale révélait l’hybris du chef spartiate, probablement le premier grec à s’être fait honorer, tel un dieu, de son vivant.
La localisation de cette offrande a été longtemps discutée, certains archéologues voulant, contre le témoignage sans ambiguïté de Pausanias, la restituer dans le portique (qu'à l'époque on prenait pour une niche) lui faisant face. Il est vrai qu'on ne possède qu'une partie des blocs portant les statues, qui portent des inscriptions correspondant parfaitement à la description très précise des statues par le périégète.
En fait, la consécration occupait une grande terrasse carrée (qu'on avait rehaussée pour les besoins de la mise en valeur du monument) tout de suite à l'entrée basse du site.
Le comble est que ce monument rappelant l'une des pires défaites athéniennes se plaçait juste avant le glorieux monument rappelant la victoire de Marathon, qu'avait consacré Cimon, le fils du chef des armées athéniennes Miltiade.
Ce type de provocation, fréquent à Delphes, révèle les dissensions entre les membres de l'amphictionie, assemblée locale sensée prôner l'entente entre les peuples de la Grèce centrale.
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Aspect actuel des monuments d'Aegos-Potamos (a gauche) et de Marathon à la suite des travaux récents de présentation du sanctuaire.
Les dieux et Lysandre, dont les statues étaient dorées, longeaient ce que l'on appelle improprement "la voie sacrée" (car tout ce qui se trouve dans l'enceinte est consacré au dieu), chemin d’accès au temple pour les visiteurs arrivant de l'Est.
Sur les trois autres cotés, dont deux dominaient le territoire environnant, se succédaient des représentants des cités alliées à Sparte, que Plutarque appelle les "navarques", en évoquant ironiquement la patine du bronze dont étaient faites leurs statues, "qui leur donnait l'air de sortir de la mer".
Probablement associées à ce monument., les étoiles des Dioscures (Castor et Pollux, fils de Zeus), qui avaient guidé la flotte spartiate à l'endroit où mouillaient, sans méfiance, les navires athéniens, devaient briller, en haut de mâts, dans le ciel delphique.
Ces étoiles disparurent la veille de la bataille de Leuctres (-371), présage du désastre spartiate face aux Thébains, qui érigèrent aussitôt un trésor à l'angle sud-ouest du sanctuaire, symétrique du monument de Lysandre.
Ces deux vues montrent les faces Ouest et Est du monument, respectivement tournées vers le sanctuaire et la route d’accès depuis la Béotie et l'Attique.
Les statues des Navarques dominent le visiteur qui arrive de l'Est, "c'est par eux que commencent la visite" dit Plutarque ...