Apollon, à peine né sur l'îlot de Délos, part sur les routes pour trouver un lieu ou fonder son culte.
Après avoir été berné par la muse Telphousa qui cherche à l'écarter de son sanctuaire en Béotie, il prend le chemin du Parnasse pour y batir un temple. Il commence par tuer le monstre femelle qui gardait l'endroit. Le monstre pourrit, donnant son nom au lieu : Pythô.
Il détourne un groupe de navigateurs crétois pour qu'ils instaurent son culte en cet endroit.
L'Hymne homérique à Apollon : récit détaillé du voyage du dieu de Délos, son lieu de naissance, jusqu’à Delphes ...
Plusieurs variantes, contradictoires, coexistent sur la façon dont Apollon s'empara de l'oracle.
Certaines en donnent une version violente, d'autres laissent entendre que Thémis, à qui Gâ avait confié l'oracle, transmit paisiblement la propriété à Apollon.
Ces mythes sont à l'image du dieu, qui a une réputation a priori pacifique (civilisateur, constructeur, protecteur des troupeaux, musicien, etc.), mais dont une face mois connue est violente, sanguinaire ("l'Apollon au couteau"), et fut pour cette raison le dieu consulté par les meurtriers.
(écouter Marcel Détienne : Apollon, le bel assassin de Delphes)
En tout état de cause, Apollon a délogé une déesse qui régnait auparavant sur l'oracle. Gâ, Athéna, Déméter, Artémis étaient toujours vénérées à Delphes, mais, à part Gâ, ces déesses furent mises à distance de l'Apollonion, autour du temple, réservé au dieu principal.
DELPHES
nombril du monde grec
DELPHI
navel of the Greek World
Piliers des Messéniens
SD 348-349
Offrande composée de deux piliers triangulaires, l'un en marbre blanc, l'autre en calcaire sombre. Le premier portait une statue de Victoire semblable à celle qui a été retrouvée à Olympie, le second un trépied symbole de victoire également.
Les piliers, placés côte à côte, se trouvaient sur la terrasse du temple, peut-être à l'est comme à Olympie.
L'occasion de la consécration pourrait être une victoire remportée sur les Spartiates, encore que les restes de la dédicace, hormis le fait que l'offrande soit le fait des Messéniens de Naupacte, ne soient pas très explicites.
Le pilier de marbre est bien conservé (il avait même été remonté dans le premier musée des fouilles, ouvert en 1900), contrairement au pilier de calcaire dont seuls quelques débris ont été retrouvés remployés dans un mur moderne.
Le pilier de marbre porte des traces de boucliers (2 par face, soit 12 en tout si le 2e pilier était pareillement décoré) chiffre qui correspond au 10e du nombre d'homioi spartiates faits prisonniers lors de la bataille de Sphactérie en 425 av. J.-C.
Bibliographie :
- Jacquemin Anne, Laroche Didier, Notes sur trois piliers delphiques. BCH 106 (1982) pp. 191-218.
- Anne Jacquemin, Didier Laroche, L’ offrande des Messéniens et Naupactiens à Delphes, in (O. Palagia dir.) Proceedings of the colloquium Ancient Naupaktos and its area held in Naupaktos on 15 November, 2014, p. 85-103.
En raison de l'état dégradé de la parie inférieure du fût, un petit doute subsiste sur le nombre exact d'assises des monuments. Probablement onze assises, mais une douzième n'est pas absolument exclue.
Ce monument double inaugure une série des piédestaux à faces droites - mais rectangulaires - qui auront beaucoup de succès à l'époque hellénistique.
Système particulier de scellement vertical, qu'on retrouve au monument contemporain qu'est le Parthénon et bien sûr sur le monument d'Olympie, pour la statue ailée, et qui consiste à empêcher la statue, du fait de la prise au vent des ailes, de "s'envoler" en cas de fortes bourrasques.
Ce type d'agrafe est normalement utilisé horizontalement, mais témoigne ici du souci d'assurer la stabilité de la statue, ce qui explique également qu'elle soit, contrairement aux autres statues placées sur des hauts piédestaux, en marbre et non en bronze.
Le choix d'une section triangulaire est bien sûr motivé par la présence d'un trépied (sur le pilier de calcaire bleu).
Pour autant, l'élévation répond, par ses proportions et son décor, aux règles classiques, mises en œuvre par exemple dans les antes des édifices : anthemion surmonté d'un bec de Corbin.