Apollon, à peine né sur l'îlot de Délos, part sur les routes pour trouver un lieu ou fonder son culte.
Après avoir été berné par la muse Telphousa qui cherche à l'écarter de son sanctuaire en Béotie, il prend le chemin du Parnasse pour y batir un temple. Il commence par tuer le monstre femelle qui gardait l'endroit. Le monstre pourrit, donnant son nom au lieu : Pythô.
Il détourne un groupe de navigateurs crétois pour qu'ils instaurent son culte en cet endroit.
L'Hymne homérique à Apollon : récit détaillé du voyage du dieu de Délos, son lieu de naissance, jusqu’à Delphes ...
Plusieurs variantes, contradictoires, coexistent sur la façon dont Apollon s'empara de l'oracle.
Certaines en donnent une version violente, d'autres laissent entendre que Thémis, à qui Gâ avait confié l'oracle, transmit paisiblement la propriété à Apollon.
Ces mythes sont à l'image du dieu, qui a une réputation a priori pacifique (civilisateur, constructeur, protecteur des troupeaux, musicien, etc.), mais dont une face mois connue est violente, sanguinaire ("l'Apollon au couteau"), et fut pour cette raison le dieu consulté par les meurtriers.
(écouter Marcel Détienne : Apollon, le bel assassin de Delphes)
En tout état de cause, Apollon a délogé une déesse qui régnait auparavant sur l'oracle. Gâ, Athéna, Déméter, Artémis étaient toujours vénérées à Delphes, mais, à part Gâ, ces déesses furent mises à distance de l'Apollonion, autour du temple, réservé au dieu principal.
DELPHES
nombril du monde grec
DELPHI
navel of the Greek World
Portique des Athéniens (SD 313) et Agora
Photo ancienne du portique des Athéniens (vers 510-505 av. J.-C.)
Construit au pied du nouveau mur de soutènement du temple, financé par la famille athénienne - momentanément bannie - des Alcméonides, ce portique était destiné à exposer, comme nous l'apprend la dédicace gravée sur le stylobate, "les armes prises à l’ennemi".
Le portique était une construction légère : colonnes en marbre portant un entablement en bois et toiture légère. Une grande base portait des piliers sur lesquels étaient accrochées les armes prises au différents ennemis.
On distingue, sur le plan du portique, les vestiges d'une construction arrondie plus ancienne.
L'espace situé devant le portique est communément appelé "Aire", terme qui se réfère à un lieu ou étaient donné, tous les huit ans, un spectacle présentant le meurtre du serpent Python par Apollon.
Il a été montré récemment que cette "Aire" devait se trouver plus loin, sans doute là où se trouvaient encore les aires de battage des Delphiens il y a un siècle, et que l'espace de réunion, devant le portique, devait plutôt être l'ancienne agora de la cité de Delphes.
Cette idée avait été avancée par Roland Martin et reprise par Georges Roux, mais laissée pour compte.
Les colonnettes portant la toiture de ce portique très discret présentent un style ionique qui a pu faire penser que l'édifice datait des guerres médiques (P. Amandry).
Quoiqu'il en soit, les dépouilles qui y étaient exposées renvoyaient à des victoires militaires de différentes époques, puisque Pausanias y a vu des boucliers consacrés lors de la guerre du Péloponnèse.
Une partie importante des toitures des édifices anciens étaient en terre cuite, souvent magnifiquement décorées.
Bien qu'on en ait retrouvé beaucoup de morceaux, la difficulté de les attribuer à tel ou tel bâtiment a entrainé une sous-évaluation de l'importance de ces décors aux couleurs vives qui animaient les édifices antiques.
chapiteau ionique en marbre du portique
La présentation d'armes prises à l'ennemi ou offertes par les vainqueurs est un aspect peu connu des sanctuaires (sauf à Olympie où elles sont nombreuses), que l'on imagine paré uniquement d’œuvres d'art, ce qui vient à idéaliser d'une certaine manière le rapport des Grecs au sacré, rapport où la violence - y compris chez Apollon - avait également sa place.
Trésor des Athéniens et portique des Athéniens. Cliché Chamonard (MuMo)