Apollon, à peine né sur l'îlot de Délos, part sur les routes pour trouver un lieu ou fonder son culte.
Après avoir été berné par la muse Telphousa qui cherche à l'écarter de son sanctuaire en Béotie, il prend le chemin du Parnasse pour y batir un temple. Il commence par tuer le monstre femelle qui gardait l'endroit. Le monstre pourrit, donnant son nom au lieu : Pythô.
Il détourne un groupe de navigateurs crétois pour qu'ils instaurent son culte en cet endroit.
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L'Hymne homérique à Apollon : récit détaillé du voyage du dieu de Délos, son lieu de naissance, jusqu’à Delphes ...
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Plusieurs variantes, contradictoires, coexistent sur la façon dont Apollon s'empara de l'oracle.
Certaines en donnent une version violente, d'autres laissent entendre que Thémis, à qui Gâ avait confié l'oracle, transmit paisiblement la propriété à Apollon.
Ces mythes sont à l'image du dieu, qui a une réputation a priori pacifique (civilisateur, constructeur, protecteur des troupeaux, musicien, etc.), mais dont une face mois connue est violente, sanguinaire ("l'Apollon au couteau"), et fut pour cette raison le dieu consulté par les meurtriers.
(écouter Marcel Détienne : Apollon, le bel assassin de Delphes)
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En tout état de cause, Apollon a délogé une déesse qui régnait auparavant sur l'oracle. Gâ, Athéna, Déméter, Artémis étaient toujours vénérées à Delphes, mais, à part Gâ, ces déesses furent mises à distance de l'Apollonion, autour du temple, réservé au dieu principal.
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DELPHES
nombril du monde grec
DELPHI
navel of the Greek World
Autel d'Apollon
SD 417
Un premier autel offert par les habitants de l’île de Chios est signalé par Hérodote.
Celui que nous voyons aujourd’hui est une reconstruction complète, toujours par la cité de Chios, au IIIe siècle avant J.C., à l’époque où les Étoliens, maîtres du sanctuaire, leur octroient un siège à l’amphictionie.
Évacuation des terres depuis l'autel après la "catastrophe de Rhodini" (1937) : coulée de boues sur la partie Est du sanctuaire.
Le socle de l'autel vu du sud et du nord, reconstruit par E. Stikas en 1959.
L’autel, tourné vers l’Est, est construit à l’extrémité du mur de soutènement de la terrasse du temple. Il se compose d’un socle recouvert d'un parement en calcaire bleuté, socle accessible par une volée de marche à l’ouest, et de la table de l’autel, massif rectangulaire en marbre de huit mètres de long, sur lesquels étaient brûlées les parts réservées au dieu.
Le couronnement en marbre du socle porte la dédicace de l’autel : "Les Chiotes [ont offert] l’autel à Apollon" alors que le degré inférieur porte, tourné vers le sud, une promantie (droit de consulter l'oracle en priorité) accordée par les Delphiens aux habitants de l’île.
L’autel, ou du moins son socle, a été l’objet de deux restaurations : en 1920, par l’architecte Replat, puis en 1959 par l’architecte E. Stikas.
Depuis cette époque, on a identifié plusieurs éléments provenant de la table d’autel : volutes ou "cornes" (Gruben), plaques d’oves (Amandry) et orthostates (Laroche).
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Après l’interdiction du culte païen, l’autel fut démonté et la plateforme couverte de symboles chrétiens.
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Dédicace des Chiotes à Apollon gravée sur l'assise de couronnement du socle de l'autel : ΧΙΟΙ ΑΠΟΛΛΩΝΙ ΤΟΝ ΒΩΜΟΝ
Essai de restitution de l'autel (D. Laroche)
Promantie collective octroyées aux habitants de Chios
Restitution des cornes placées aux extrémités de la table d'autel
(D. Laroche)
Maquette de l'autel pour l'exposition "L'espace grec" (1996)
réalisation : Patrick Christmann
Coupe transversale sur l'autel (F. Courby, complété par D. Laroche)
Relevés des graffiti chrétiens, croix et chrismes, gravés sur la plateforme de l'autel (Tony Kozelj)