Apollon, à peine né sur l'îlot de Délos, part sur les routes pour trouver un lieu ou fonder son culte.
Après avoir été berné par la muse Telphousa qui cherche à l'écarter de son sanctuaire en Béotie, il prend le chemin du Parnasse pour y batir un temple. Il commence par tuer le monstre femelle qui gardait l'endroit. Le monstre pourrit, donnant son nom au lieu : Pythô.
Il détourne un groupe de navigateurs crétois pour qu'ils instaurent son culte en cet endroit.
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L'Hymne homérique à Apollon : récit détaillé du voyage du dieu de Délos, son lieu de naissance, jusqu’à Delphes ...
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Plusieurs variantes, contradictoires, coexistent sur la façon dont Apollon s'empara de l'oracle.
Certaines en donnent une version violente, d'autres laissent entendre que Thémis, à qui Gâ avait confié l'oracle, transmit paisiblement la propriété à Apollon.
Ces mythes sont à l'image du dieu, qui a une réputation a priori pacifique (civilisateur, constructeur, protecteur des troupeaux, musicien, etc.), mais dont une face mois connue est violente, sanguinaire ("l'Apollon au couteau"), et fut pour cette raison le dieu consulté par les meurtriers.
(écouter Marcel Détienne : Apollon, le bel assassin de Delphes)
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En tout état de cause, Apollon a délogé une déesse qui régnait auparavant sur l'oracle. Gâ, Athéna, Déméter, Artémis étaient toujours vénérées à Delphes, mais, à part Gâ, ces déesses furent mises à distance de l'Apollonion, autour du temple, réservé au dieu principal.
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DELPHES
nombril du monde grec
DELPHI
navel of the Greek World
Pilier de Paul-Emile
SD 418
© D. Laroche / A. Jacquemin 2010
Ce pilier de marbre (bleu en partie basse, blanc en partie haute) commémore la victoire de Pydna (168 av. J.-C.) qui voit le dernier roi de Macédoine Persée défait par le général romain Lucius Aemilius Paullus Macedonicus, connu en Français sous le nom de Paul-Emile.
D'après certains auteurs anciens (Plutarque Polybe, Tite-Live), Paul-Emile se serait arrogé l'un des piliers que le Macédonien avait érigé devant le temple, ce que semble confirmer l'étude du monument.
Malgré tout, la frise qui surmonte le pilier relate le déroulement de la bataille, initiée inopinément par la fuite d'un cheval, ici représenté en blanc sur l'image.
Soit le pilier était inachevé puisque la frise est postérieure à la bataille, soit la frise fut remaniée pour s'accorder à la nouvelle destination du monument.
Il n'y a pas d'explication évidente à la présence des douze rosettes, symbole funéraire, au sommet du fût, sous l'entablement.
Le fût repose sur un socle, comme d'autres piliers hellénistiques, notamment pergaméniens, placés sur la terrasse du temple.
Les traces de scellements conservées à l'assise sommitale permettent de restituer l'image du général romain sur un cheval cabré, attitude propre aux vainqueurs.
Ci-dessus à droite :
Le pilier, avec une hauteur réduite, avait été reconstruit dans le premier musée des fouilles. Seule la frise est aujourd’hui encore exposée au musée.
Ci-dessous :
L'inscription gravée sur le socle proclame Paul-Emile "victorieux" (INPERATOR) et précise que ce dernier s'est "emparé" (CEPET) du pilier "du Roi Persée des Macédoniens".
Les quatre faces de la frise qui couronnait le pilier.
On reconnaît sur la première face le cheval errant, dont la capture a déclenché de façon inopinée les hostilités, qui ont tourné à l'avantage des Romains.
On peut identifier les macédoniens à leur bouclier rond et les mercenaires gaulois à leur bouclier ovoïde.
Le général victorieux est probablement le personnage au cheval cabré sur la petite face, à gauche).
Cette victoire des Romains, avec la capture de Persée, marque la fin de règne des Macédoniens. Elle marque donc un tournant dans l'histoire.
Elle a été représentée ici à la Renaissance (Andrea Verrochio, vers 1475. Musée Jacquemard-André, Paris)
Andrea Verrochio