Apollon, à peine né sur l'îlot de Délos, part sur les routes pour trouver un lieu ou fonder son culte.
Après avoir été berné par la muse Telphousa qui cherche à l'écarter de son sanctuaire en Béotie, il prend le chemin du Parnasse pour y batir un temple. Il commence par tuer le monstre femelle qui gardait l'endroit. Le monstre pourrit, donnant son nom au lieu : Pythô.
Il détourne un groupe de navigateurs crétois pour qu'ils instaurent son culte en cet endroit.
L'Hymne homérique à Apollon : récit détaillé du voyage du dieu de Délos, son lieu de naissance, jusqu’à Delphes ...
Plusieurs variantes, contradictoires, coexistent sur la façon dont Apollon s'empara de l'oracle.
Certaines en donnent une version violente, d'autres laissent entendre que Thémis, à qui Gâ avait confié l'oracle, transmit paisiblement la propriété à Apollon.
Ces mythes sont à l'image du dieu, qui a une réputation a priori pacifique (civilisateur, constructeur, protecteur des troupeaux, musicien, etc.), mais dont une face mois connue est violente, sanguinaire ("l'Apollon au couteau"), et fut pour cette raison le dieu consulté par les meurtriers.
(écouter Marcel Détienne : Apollon, le bel assassin de Delphes)
En tout état de cause, Apollon a délogé une déesse qui régnait auparavant sur l'oracle. Gâ, Athéna, Déméter, Artémis étaient toujours vénérées à Delphes, mais, à part Gâ, ces déesses furent mises à distance de l'Apollonion, autour du temple, réservé au dieu principal.
DELPHES
nombril du monde grec
DELPHI
navel of the Greek World
Lesché des Cnidiens
SD 605
Plusieurs sources antiques mentionnent le bâtiment "que les Delphiens appellent Lesché" (Pausanias), offert par les Cnidiens dans la 1ere moitié du Ve s. av. J.C.
Rappelons que Cnide, colonie dorienne établie à la jonction de la mer Égée et de la méditerranée, grande puissance maritime, avait déjà offert un trésor en marbre a l'époque archaïque.
La lesché était surtout connue pour les peintures de Polygnote, artiste renommé, qui illustraient l'Ilioupersis, c'est-à-dire la prise de Troie.
Le bâtiment, d'ordre dorique et établi au plus haut point du sanctuaire, était une grande salle allongée avec des piliers intérieurs en bois, peut-être en rapport avec un système éclairage zénithal permettant d'admirer les peintures. L'aspect exact de la façade, qui comportait des colonnes, nous est inconnu.
Plus tard, au IVe siècle, les Cnidiens construisirent du coté de la pente un beau mur de terrasse destiné à supporter une longue base dont il ne reste presque plus rien.
Essai de restitution de la lesché. L'existence et la place du mur de refend interne ne sont pas assurées.
La lesché vue de l'Est. Les blocs 1 et 2 forment l'extrémité d'une base ajoutée au IVe siècle, dont la longueur n'est pas connue.
État actuel du grand mur au sud de la lesché.
Dessous :
La dédicace, par les Cnidiens, du mur de soutènement ( analamma ) à Apollon,
gravée sur le mur. IVe s. av. J.C.
Blocs
appartenant
à une grande base érigée le long du bâtiment des Cnidiens
Essai de restitution de l'intérieur de la lesché, avec ses peintures sur les longs murs nord et sud.
Le système d'éclairage en toiture représenté ici est hypothétique.
Ci-dessous, tentative de reconstitution des peintures d’après la description de Pausanias (Carl Robert, 1893)