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Colonne d'acanthe : Apollon Sitalkas
SD 509

Cette colonne, située au dessus de l'esplanade du temple, dans l'axe du dernier tronçon de la voie montant à l'autel, dominait, du fait de sa hauteur, l'ensemble de la zone.

On a longtemps discuté sur l'occasion de l'édification de cette offrande, l'identité de ses donateurs, et sa signification.

Sa date est contemporaine de la reconstruction du temple au courant du IVe siècle.

Après avoir pensé que la colonne pouvait représenter une tige de silphium, plante qui avait fait la renommée de Cyrène, on reconnaît aujourdhui une colonne pourvue d'un décor d'acanthe, semblable à celui des chapiteaux corinthiens.

Au sommet, trois personnages féminins sont disposés entre les pieds du trépied, manquant. L'allure de ces jeunes filles avait fait penser qu'il s'agissait de danseuses, mais leur attitude, mieux connue grâce à des recollages récents, ne s'accorde pas avec cette interprétation.

P. Amandry a compris qu'une pierre recouverte de bandelettes, identifiée comme une représentation de l'omphalos, venait se placer au-dessus du trépied.

Découverte des fragments durant la fouille

Présentation dans l'ancien musée

Photos des "danseuses" par Georges de Miré (1937 ca )

danseuses de Miré

Monuments inspirés par la colonne d'acanthe

Prospect Park, Brooklyn, New-York.

Pair of columns inspired by restitution drawing (right) of the Acanthus column in Delphi, Albert Tournaire, 1900.

Architect Stanford White, 1906.

Nouvelle interprétation par A. Jacquemin et D. Laroche (2021)
"Apollon à Delphes au IVe siècle", BCH 144.1 (2020)

Suite à la constatation que le bloc supérieur, en dépit d'une certaine ressemblance avec l'omphalos, avait en réalité une forme différente, nous avons proposé une autre interprétation de la forme couronnant ce monument.

En effet, le réseau de bandelettes qui entoure la pierre oblongue se poursuivait sur un bloc scellé au sommet, de forme cylindrique.

Cette figure rappelle une représentation sur une stèle exposée au musée de Thèbes qui, entre une lyre et l'omphalos, présente un objet semblable au "pseudo-omphalos", à savoir une forme arrondie surmontée d'un "mât" portant un disque horizontal, un peu à la manière des stupas en Inde.

Des représentations analogues sont connues sur d'autres sites (en particulier Cyrène, Apollonia, deux villes fondées à la suite d'un oracle de Delphes) où elles constituent une représentation aniconique d'Apollon, formule bien connue pour ce qui concerne Apollon Agyieus, Apollon des carrefours.

Cette identification d'un Apollon posé au sommet du plus haut monument de Delphes renvoie au monument le plus élevé signalé par Pausanias à Delphes, un Apollon qualifié de Sitalkas (mot qui renvoie à un épi germé) par les Delphiens, nous dit-il au moment où il arrive devant le temple.

Stèle pour des juges delphiens, trouvée à Thespies

Musée de Thèbes, Béotie

La hauteur donnée par Pausanias, 35 coudées (15.40 m), correspond à celle du monument delphique.

Il s'agirait donc du monument érigé avec une partie de l'amende versée par les Phocidiens à la suite de leur défaite (346) en raison de leur mainmise sacrilège sur certaines offrandes de Delphes.

les images ci-dessous illustrent cette interprétation, où Apollon, assis sur le trépied prophétique et revêtu de l'agrenon, symbole de l'oracle, vient se poser à Delphes au retour de son séjour annuel chez les hyperboréens, accueilli par Dionysos trônant au centre du fronton, Dionysos qui a veillé sur le sanctuaire en l'absence du maître des lieux. Son trépied est posé par les Brises, représentées au moment où elles posent le pied au sommet de la colonne végétale, dans la même attitude que les Nikés posant leur trépieds de victoire au sommet de colonnes (Niké des Messéniens)

Apollon volant sur son trépied (symbole de l'oracle) pour s'installer à Delphes.

À droite, selon le même schéma (mais avec un Apollon aniconique), le moment primordial représenté par le monument : Apollon, porté par les Brises, vient se poser au sommet de la colonne d'Acanthe.

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